Constat

Dans notre apiculture moderne, les intrants évitables: achat de reines, colonies, sucre, protéines, vitamines, ruches connectées, matériels divers, occupent une place démesurée et les coûts qu'ils suscitent grèvent les bénéfices, voire engendrent des pertes d'exploitation sans parler du coût environnemental de ces pratiques.

Pour l'apiculteur amateur, cela sera sans grande conséquence puisque son apiculture est souvent une apiculture de loisir et les loisirs ont un coût. Cela dit, je crois que c'est lui qui par sa passion et sa liberté financière détient entre ses mains l'avenir de notre abeille et de sa biodiversité. 

 

Pour l'apiculteur professionnel ou semi-professionnel, il n'en va pas de même car de son résultat d'exploitation dépendra ses capacités: de remboursement s'il a des emprunts, de faire face aux coûts directs énoncés plus haut et enfin de s'octroyer une rémunération.

 

Je ne crois pas que l'apiculteur professionnel soit moins passionné ou respecte moins ses abeilles, que du contraire !  Il a souvent tout misé sur son activité mais pour qu'elle soit pérenne il faut qu'elle soit rentable et, sans produits dérivés tels que stages, formations, sponsorisations, etc , l'apiculteur sera vite amené à avoir un nombre de ruches tel qu'il lui sera difficile de respecter les valeurs humaines et environnementales intrinsèques à une apiculture vertueuse.

Pistes de réflexion pour une apiculture plus durable

Travailler avec l'abeille locale

Travailler avec l'abeille locale devrait garantir à l'apiculteur d'avoir des abeilles adaptées à leur environnement et de pouvoir pratiquer la sélection et la fécondation naturelles des reines.

Produire ses essaims 

Produire ses essaims au rucher de façon naturelle en accompagnant l'essaimage est une méthode efficace pour pallier les mortalités diverses (notez bien qu'une  colonie est normalement pérenne et sa disparition devrait être exceptionnelle).    

Limiter les intrants 

L'abeille noire est une abeille très économe et demande peu de nourrissement.

Ne pas gaufrer les cadres permet de passer de consommateur à producteur de cire.

Le facteur temps est un coût souvent peu pris en compte par l'apiculteur de loisir mais qui  est nettement plus prégnant pour le professionnel. 

Eviter la surexploitation de la colonie

Chaque prélèvement de miel ou de pollen est une ingérence et une privation pour la colonie qui occasionnera aux abeilles un surcroit de travail proportionnel au préjudice subi.

Pourtant prélever de façon raisonnable les produits de la ruche en lui laissant suffisamment de miel et de pollen ne met pas la colonie en péril .

Eviter le nourrissement spéculatif car il demande un effort supplémentaire à la colonie et de plus une stimulation de printemps mal conduite va donner des abeilles carencées en protéines et en vitamines.     

Valoriser ses produits

Il faut mettre en valeur vos produits auprès de votre clientèle: outre ses qualités gustatives et d'alicament, votre miel a une plus value environnementale et en achetant vos produits, votre clientèle devient pleinement acteur de cette démarche positive.

Promouvoir son apiculture

Pratiquer une apiculture vertueuse c'est bien mais beaucoup de gens n'ont pas idée de ce que cela représente. N'hésitez pas à organiser une journée porte ouverte , une collaboration avec un guide nature ou toute autre activité qui vous donnera de la visibilité. Cela vous prendra du temps mais c'est largement récompensé par la richesse des échanges avec vos visiteurs.