La sélection naturelle est implacable mais redoutablement efficace.
Transmission des gènes
Dans le monde du vivant, la reproduction a pour seul but la pérennisation de l'espèce par la reproduction et la recombinaison génétique des individus qui la composent.
Pour l'abeille elle se fait de deux façons différentes:
la reine est donc reproducteur mâle et femelle .
Sélection par élimination
On pense, souvent à tort, que la nature sélectionne les individus les plus forts et élimine les autres mais à y regarder de plus près, c'est bien plus subtil que cela.
La nature offre à chaque recombinaison génétique "individu" une chance de se reproduire pour peu qu'il atteigne la maturité sexuelle, préservant ainsi une grande diversité génétique tout en ne gardant pas les individus incapables de survivre dans leur milieu.
Concrètement
Dans la nature, une colonie, qui a à sa tête une jeune reine, est le fruit de deux colonies arrivées à leur maturité sexuelle dont les lignées ont su s'adapter depuis de nombreuses générations aux conditions de vie de l'endroit:
La jeune reine en ponte a fait preuve de sa capacité à s'accoupler et va devoir faire ses preuves (pertinence de cette combinaison génétique) en amenant sa colonie à :
Le rôle des mâles
Les mâles sont les organes reproducteurs de la reine. Ils participent activement au brassage génétique mais aussi à la sélection directe car leur nombre est impressionnant par rapport au nombre de reines à féconder; seuls les plus vigoureux arriveront à leur fin, ainsi les mâles issus de colonies faibles, carencées ou malades ont peu de chances de se reproduire.
Dans nos régions la sélection cent pourcents naturelle est devenue illusoire mais, puisque nous sommes contraints à intervenir, il faut le faire avec modestie et détermination en s'inspirant de la nature :
Pour la plupart des éleveurs et sélectionneurs, les principaux critères de sélection sont la productivité, la douceur, la tenue au cadre, la faible propension à essaimer, à propoliser et à construire des bâtisses folles.
Tous ces critères sont des critères de confort pour l'apiculteur moderne mais ils vont à l'encontre de la nature de l'abeille.
Un stockage disproportionné de réserves est préjudiciable à l'équilibre de la colonie, l'inadéquation du développement du couvain par rapport à la saison et aux besoins de la colonie l'est tout autant.
L'essaimage est vital pour la survie de l'espèce, non seulement afin de multiplier les colonies mais aussi et surtout pour le brassage génétique et la sélection naturelle qu'il engendre; ces deux derniers points sont particulièrement mis à mal par l'apiculture intensive.
La propolis est sans conteste avec la diversité florale un élément clef de la santé et de la vitalité de la ruche; éliminer les colonies propolisseuses c'est encore aller à l'encontre de la nature de l'abeille.
Enfin, ce que l'on appelle "bâtisse folle", c'est la tentative désespérée de l'abeille de stabiliser le flux d'air. Nos ruches modernes sont un non-sens pour la thermorégulation de la colonie et éliminer ce réflexe va tout autant contre l'intérêt de l'abeille.
Si on ajoute à cela les conditions d'élevage industriel des reines et le principe qu'une reine correspond à un écotype et est inféodée à son milieu, il ne faut pas s'étonner que les colonies se portent mal et meurent de façon disproportionnée.
Sélectionner l'abeille locale de manière raisonnée, ne pas prélever les produits de la ruche à l'excès, assurer sa descendance via l'essaimage et la fécondation naturelle rendent toute sa noblesse à l'apiculture et à l'apiculteur qui s'érige ainsi en protecteur de la biodiversité et en garant de la transmission d'un patrimoine et de son savoir-faire.
Si l'apiculteur n'y prend garde, il deviendra, comme l'agriculteur, un maillon d'une chaîne qui le dépasse et il sera asservi aux dictats de la normalisation et de la technocratie.