Quand on commence en apiculture, notre connaissance de l'abeille et de vie de la colonie est souvent limitée et on choisit son type de ruche par mimétisme ou par effet de mode.
Les saisons passent, on connaît de mieux en mieux ses abeilles, on enrichit ses connaissances par ses rencontres et ses lectures et c'est à ce moment que se pose la question de la pertinence de son choix. Même si on est convaincu de n'avoir pas fait le bon choix au départ, tout notre matériel (ruches, ruchettes, extracteur ........) est là et on aura beaucoup de réticence à tout changer d'où l'importance de faire le bon choix au départ.
La littérature apicole elle aussi est remplie d’articles qui vantent les qualités et avantages de tel ou tel modèle de ruche. Il ne faut pas se laisser influencer par un seul apiculteur, par un seul article de presse ou par une mode... Renseignez-vous auprès de plusieurs apiculteurs, voyez comment ils conduisent leurs ruches, voyez comment ils travaillent, par exemple lors de la visite de printemps ou lors de la récolte, pesez le pour et le contre de chaque type et essayez de les rapporter à votre environnement, à vos possibilités, à vos finances, à la production que vous espérez…
L'amour-propre empêche souvent l'apiculteur d'avouer qu'il s'est trompé dans le choix de sa ruche. Il dira qu'elle donne des résultats merveilleux et à force de le répéter, peut-être finira-t-il par s'en convaincre. Et sans penser qu'il vous trompe, il vous vantera des récoltes étonnantes. De fait, vous serez trompé.
Quoi de plus naturel que de questionner les abeilles sur les critères de sélection de leur habitat, les raisons de leurs choix et les solutions que nous pouvons leur apporter.
Pour se faire, il faudrait commencer par connaître l'abeille en tant que telle. Si on veut s'informer, il faut faire la différence entre les traités d'apiculture qui ont pour but d'informer sur l'exploitation de l'abeille par l' homme et les traités de biologie qui sont basés sur l'observation de l'abeille et son comportement en temps qu'être vivant dans son écosystème.
Avant d'aller plus loin dans votre réflexion sur la ruche idéale, je vous propose de suivre ma conférence ci-jointe fondée sur les études, entre autres, de Thomas Seeley, de Jurgen Tautz et de Torben Schiffer.
Voilà, si vous avez pris le temps de vous informer sur "l'abeille dans la nature", vous en aurez certainement déduit, comme moi, que dans nos régions la colonie recherche un endroit d'un volume de +/- 40 litres, plutôt étroit et en hauteur, bien isolé, bien protégé des prédateurs et des aléas climatiques. Les abeilles placeront systématiquement le miel dans la partie la mieux protégée du froid et des prédateurs, dans la partie supérieure dans un tronc ou une ruche Warré, dans la partie supérieure et à l'arrière dans une ruche Dadant en bâtisse froide, dans les cadres arrières dans une ruche horizontale (bâtisse chaude), par exemple la kényane. Notez aussi qu'en bâtisse libre, les abeilles opteront pour une bâtisse chaude si l'entrée est à hauteur de couvain.
Dans des conditions idéales, les abeilles attacheront leurs rayons au plafond de la ruche et occuperont au maximum la superficie tout en se déployant au début en demi-sphère puis en sphère plus ou moins allongée suivant la puissance de la grappe.
De cette façon, la grappe a un contrôle permanent et total de ses paramètres vitaux (température, humidité, CO2, mycoses, virus, etc..).
Les abeilles ont à leur disposition une pharmacopée naturelle qui leur a permis de faire face à tous les agents pathogènes et ce depuis des millions d'années, .
Si le diamètre de la grappe correspond à celui de la ruche, celle-ci devient de facto un habitat basse énergie à flux contrôlé dont les performances sont bien supérieures à tout ce que nous pourrions leur proposer. Le miel placé dans la partie chaude non seulement n'est jamais refroidi mais sert en plus de tampon thermique en accumulant et en rendant les calories .
Seule la surface de la demi-sphère inférieure de la grappe est en contact avec l'extérieur et si la colonie peut être comparée à un superorganisme, cette zone en serait la peau.
Vidéos relatives
La ruche populaire de l'Abbé Warré
https://www.youtube.com/watch?v=vBuXYTmL5Ls
La récolte du miel des abeilles japonaises